Au SYNAPHE, nous militons pour de nouveaux usages tertiaires (agilité immobilière, télétravail, dé-mobilité…) et pour le développement d’écosystèmes économiques locaux. Nous avons tous essayé, chacun de notre côté, de faire bouger les lignes au contact de nos élus locaux et régionaux, de la presse régionale. Bénévoles, nous nous sommes parfois épuisés chacun dans notre coin, et nous avons finalement compris qu’il fallait avancer ensemble et mener des actions de lobbying collectives, plus professionnelles. Pour viser juste, avec le meilleur impact. Nous avons commencé fin 2020 et voici nos projets pour 2021.
Chefs d’entreprises passionnés, nous voulons développer le coworking partout en France, car nous sommes convaincus que les espaces de travail partagés et flexibles répondent à des besoins concrets, réels et durables d’une société en pleine transition écologique. Encore plus particulièrement depuis la crise sanitaire liée au COVID, les travailleurs tertiaires français veulent bénéficier d’une QVT exemplaire (lire ci-dessous). Quant aux entreprises, elles sont prêtes à assumer pleinement leur responsabilité sociale et territoriale (RSE/RTE), mais ont souvent besoin d’accompagnement pour ce faire. Et elles ne savent pas que nous existons.
C’est là que le modèle économique des espaces de travail partagés et flexibles apporte une solution idéale, aujourd’hui sous-utilisée, car encore peu connue.
Notre syndicat veut porter ce message en direct aux chefs d’entreprises, aux décideurs politiques et au législateur. Le coworking n’étant jusqu’à présent pas reconnu comme une profession (pas de code métier, pas de représentants officiels de la profession, etc.), nous n’avons jamais été audibles, et, donc, très rarement entendus. Cela est en train de changer.
Fin 2020, nous avons mené notre première campagne de lobbying auprès d’élus nationaux pour avancer sur un premier point : faire reconnaître le « télétravail en espace tiers » (coworking, tiers-lieux et autres espaces de travail partagés) comme une solution durable éligible aux subventions d’Etat au titre de la LOM, la loi d’orientation des mobilités promulguée en 2019 (avant le COVID).
Question écrite au Gouvernement (octobre 2020)
Les auteurs de cette loi qui vise à soutenir les déplacements durables ont en effet… oublié que « les déplacements les moins polluants et stressants sont ceux qu’on ne fait pas » : ils ont donc purement et simplement oublié d’inscrire le télétravail dans cette loi (le mot n’y figure pas une seule fois). Or, nous sommes déterminés à promouvoir « un autre télétravail », dans nos espaces partagés et flexibles.
« En octobre 2020, nous avons invité le sénateur de l’Ain, Patrick Chaize (LR), dans notre réseau d’espaces de coworking lyonnais pour découvrir cet “autre télétravail”, non résidentiel, pratiqué à 10 minutes du domicile du salarié. Nous lui avons demandé son soutien pour inscrire ce nouveau télétravail dans la loi LOM qui incite les entreprises à adopter des mobilités vertueuses. Notre offre est une offre de micro-mobilité référencée sur la plateforme France Mobilités du Ministère de la Transition écologique et solidaire depuis début 2020 », explique Boris Heim, cofondateur du réseau extramuros et membre actif du collectif COWORKINFRANCE et du SYNAPHE.
Cette initiative a débouché sur une question écrite posée au Gouvernement par le sénateur, parue au JO (Journal Officiel)du Sénat le 29 octobre 2020 et intitulée « Extension de la portée du « titre-mobilité » au télétravail en tiers-lieux ». Extraits : « M. Patrick Chaize appelle l’attention de M. le ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports sur l’intérêt d’une extension de la portée du « titre-mobilité » au télétravail en tiers-lieux… » (NB : le texte intégral de cette question écrite figure dans l’encadré ci-après). Une première petite victoire pour notre syndicat.
Proposition de loi sur les bureaux de proximité (février 2021)
En février 2021, nous avons identifié une proposition de loi sénatoriale déposée par le sénateur de Paris, Julien Bargeton (EM) et intitulée « Accès à des bureaux de proximité ». Ce projet ressemble fortement à ce que nous demandions dans notre question écrite au gouvernement sur le « titre coworking » que l’Etat pourrait instituer au sein de la LOM. Le sénateur de Paris demande en effet l’instauration d’un « titre bureau » qui permettrait aux travailleurs de télétravailler hors de leur domicile dans des tiers-lieux/espaces de coworking à 5 minutes de chez eux.
Certains éléments de l’argumentaire du sénateur reprennent en fait des arguments que nous défendons dans notre syndicat.
Extraits : « Nos concitoyens ne sont pas égaux face au travail à domicile. (…) C’est pourquoi le développement du télétravail ne doit pas se faire dans notre pays sans proposer aux travailleurs et aux entreprises des solutions en dehors du domicile, des bureaux de proximité. Nous devons appréhender le travail à distance comme une pratique plurielle, au sein du domicile personnel pour les uns, en espace de travail partagé pour les autres, mais aussi par le prisme de nouvelles entreprises, éclatés géographiquement, qui proposeront à leurs équipes de se retrouver dans de multiples bureaux disséminés sur le territoire, à proximité de leurs domiciles.
Faciliter l’accès à des bureaux de proximité: descriptif du dispositif proposé. C’est pour ces raisons, Mesdames, Messieurs, que nous proposons une dizaine de mesures d’accompagnement en faveur du développement des bureaux de proximité (…). Ces bureaux de proximité peuvent être (…) des « tiers-lieux » ou « espaces de coworking », lorsqu’ils n’appartiennent pas à l’employeur, celui-ci y recourant pour ses salariés de manière ponctuelle ou intermittente auprès d’une tierce personne moyennant, généralement (…) une tarification à la durée (par exemple d’un montant à la journée ou à la demi-journée). » Le texte intégral de cette proposition de loi est consultable ici : http://www.senat.fr/leg/exposes-des-motifs/ppl20-349-expose.html
Notre projet « lobbying » en 2021
En 2021, notre syndicat va continuer et renforcer ses actions de lobbying auprès du Gouvernement et des pouvoirs publics : nos actions au niveau national seront plus ciblées, puis relayées à l’échelon local par nos adhérents dans toute la France, auprès de leurs médias, de leurs élus. Nous disposerons pour cela d’ambassadeurs (des délégués régionaux) et d’un porte-parole/lobbyiste. Enfin, nous avons prévu de doubler ces campagnes de sensibilisation politique par des campagnes de presse auprès des grands médias.
Question écrite au gouvernement
Notre première action de lobbying politique a porté ses fruits. Voici la question écrite posée au gouvernement par le sénateur de l’Ain, Patrick Chaize (LR) en octobre 2020 suite à notre courrier aux députés et sénateurs et à une rencontre avec l’un de nos membres actifs de la région lyonnaise.
« M. Patrick Chaize appelle l’attention de M. le ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports sur l’intérêt d’une extension de la portée du « titre-mobilité » au télétravail en tiers-lieux. Les grèves de la fin 2019 et la crise sanitaire ont été l’occasion d’un déploiement massif du télétravail dans toute la France. Des millions de salariés du privé et d’agents publics ont en effet découvert les avantages du télétravail, mais aussi ses risques et inconvénients quand il est pratiqué à domicile : sur-connexion, sur-travail, isolement, empiètement de la vie professionnelle sur la sphère privée, risques psychosociaux, troubles musculo-squelettiques…
Pour réduire les désavantages du télétravail résidentiel (home office) et mettre tous les salariés sur un pied d’égalité sociale, le télétravail peut désormais sortir de leur domicile et se pratiquer dans des bureaux professionnelssitués sur les territoires, dans un environnement relativement proche de leur lieu de vie.
Les territoires ont bien compris que le télétravail était devenu un levier de dynamisation économique. Depuis la fin du confinement en mai 2020, une majorité de travailleurs du tertiaire souhaitent continuer à travailler sans se déplacer quotidiennement, dans des métropoles sur-congestionnées notamment.
Les tiers-lieux, ces espaces de travail partagés, répondent aux enjeux de développement économique et d’égalité. À grande échelle, le télétravail permet aussi de réduire fortement les flux pendulaires et leurs risques (pollution, accidents, fatigue) : il est désormais vu comme une solution vertueuse d’éco-mobilité.
Si la loi n° 2019-1428 du 24 décembre 2019 d’orientation des mobilités a créé un « titre-mobilité » pour les salariés, le dispositif ne prévoit pas, en l’état, le recours au télétravail en tiers-lieux.
C’est pourquoi il lui demande s’il envisage d’étendre la portée du « titre-mobilité » et d’inciter l’employeur à mettre en place le télétravail dans ces espaces innovants, soit par une aide à l’employeur soit par un pass mobilité télétravail. »
Espaces de travail : ce que veulent les Français
Au XXIe siècle, et plus particulièrement depuis la crise sanitaire liée au COVID, les Français veulent une QVT (qualité de vie au travail) exemplaire. Ils demandent par exemple à télétravailler hors de leur domicile, près de chez eux, sans être obligés de perdre tous les jours des heures dans les transports en commun, ou sur des autoroutes et périphériques sursaturés pour se rendre dans des grands centres urbains. Ils veulent pouvoir choisir (et plus subir) leur lieu de (télé)travail.
Pas facile de télétravailler dans un studio ou un T2 quand on habite dans une grande ville. Pas facile non plus de télétravailler de chez soi quand on ne bénéficie pas d’un bon débit internet, d’un bureau adapté, ou quand on a une situation familiale compliquée. Rares sont les salariés qui connaissent l’existence et la pertinence des espaces de coworking pour les aider au quotidien.
D’un autre côté, les dirigeants d’entreprises ne savent pas non plus qu’ils peuvent, grâce à nous, s’offrir une grande flexibilité immobilière pour se libérer de leurs locaux loués à prix d’or. Ils se croient prisonniers de leurs baux 3/6/9 alors que la solution (la nôtre) est à portée de main…
C’est là que notre offre d’espaces de travail partagés et flexibles prend tout son sens. C’est cette pertinence sociétale que notre syndicat veut proactivement expliquer et promouvoir auprès des décideurs politiques et économiques du pays : élus locaux, mais aussi et surtout nationaux (députés, sénateurs), centrales syndicales et patronales, grandes entreprises et PME, Gouvernement et services de l’Etat…